Selon les occupations et les périodes de l'année, la taille des rassemblements varie d'une dizaine à quelques milliers d'oiseaux. On peut voir deux raisons à ce grégarisme. La première, qui n'est
d'ailleurs pas propre à l'espèce, tient à l'amélioration de la sécurité. Face aux prédateurs, l'union fait la force. Un groupe nombreux et compact présente un effet dissuasif dont ne bénéficie
pas l'oiseau isolé. De plus, sur l'ensemble d'une colonie, il se trouve toujours une proportion d'oiseaux sur le qui-vive, prêts à signaler le moindre péril à leurs congénères. La seconde raison
de ce grégarisme tient au souci d'améliorer les conditions de pêche par un repérage et un rabattage collectifs des poissons. Un comportement qui n'atteint un tel degré d'élaboration que chez le
pélican.
Mais, quelle que soit la raison ayant présidé à leur formation, les groupes de pélicans ne sont jamais organisés selon une hiérarchie déterminée. Pas de dominants ni de dominés. Chaque oiseau se
contente de s'intégrer à l'ensemble et d'y occuper une place à l'égal de ses voisins. Tout au plus peut-on noter une prééminence des adultes sur les immatures, notamment sur les lieux de pêche.
Les meilleures proies reviennent aux pélicans plus âgés, qui parviennent à s'imposer grâce à leur expérience et à une audace supérieure.
Dans l'ensemble peu querelleur, le pélican n'exprime son agressivité vis-à-vis d'un congénère que de façon très limitée, sous la forme de brèves disputes pour la possession d'une proie ou pour
empêcher un autre pélican de venir lui chaparder les éléments de construction de son nid.
Le pélican est capable de soutenir un vol battu ou « ramé » – faisant appel à des battements puissants et amples : 70 par minute au lieu de 3 par seconde chez la mouette – sur de longues
périodes. Mais il est aussi, avec la mouette et le goéland, un des rares palmipèdes susceptibles de planer et de pouvoir tirer parti des courants ascensionnels d'air chaud. Cette aptitude au vol
à voile lui permet d'interrompre le vol battu et de se reposer sans avoir à dépenser d'énergie.
Quand la colonie de pélicans est sur le site de nidification, ce sont les mâles qui vont vers les femelles. En attendant le moment choisi, ils se livrent à une parade collective, dont le rituel
semble assez anarchique : avec des grognements variés, ils vont et viennent de leur démarche lourdaude, s'assemblent par moments en cercle, étirant le cou vers l'avant, bec tendu, s'agrippant par
le bec ou le dressant vers le ciel. Les femelles restent en périphérie, attendant qu'un ou plusieurs mâles s'écartent du groupe de parade pour s'intéresser à elles. Quand c'est le cas, la plus
entreprenante des femelles ne tarde pas à jeter son dévolu sur l'un d'eux. Le pélican élu chasse alors ses rivaux. Puis le couple s'envole ou gagne l'eau, le mâle nageant à côté de la femelle ou
devant elle. À terre, le mâle suit la femelle en se pavanant. Écartant les ailes, il marche en se dandinant de façon appuyée, le cou tendu et le bec dirigé vers le bas. Une fois le lien nuptial
établi, le couple rejoint le groupe de parade pour y demeurer un temps immobile ou se dirige aussitôt vers le futur site du nid.
C'est à la femelle que revient le choix de l'emplacement : des îlots bas, souvent sableux ou limoneux, ou de vastes massifs de roseaux, en bordure ou au milieu de plans d'eau. Lorsqu'elle est
décidée, la femelle gratte le sol du bec et s'accroupit, et l'accouplement a lieu. Puis le mâle se met en quête d'éléments végétaux pour la construction du nid. Transportant les matériaux dans
son bec ou dans sa poche, il va les déposer devant sa compagne qui se charge de les agencer.
Normalement, deux œufs sont pondus, que le père et la mère couvent alternativement. Lorsqu'ils éclosent, un mois plus tard, les jeunes qui en sortent sont entièrement nus. Durant les deux
premières semaines, leurs parents les nourrissent d'une sorte de bouillie liquide qu'ils régurgitent. Ensuite, les oisillons plongent la tête dans le gosier, et jusque dans l'œsophage de leurs
parents pour y puiser des morceaux de poisson. Vers trois semaines-un mois, les jeunes pélicans, alors recouverts d'un duvet sombre et fourni, se réunissent en « crèches » placées sous la
surveillance de quelques adultes.
Lors du nourrissage, ce sont les parents qui reconnaissent leur progéniture, les oisillons étant, eux, incapables d'identifier leurs géniteurs. Les pélicans sont, avec les flamants et les
manchots, une des rares espèces à procéder ainsi.
Cette organisation permet aux deux adultes de participer en même temps à la recherche de nourriture pour leurs petits.
Le pélican est capable d'ingérer des poissons de belle taille, comme des carpes pesant jusqu'à 1,85 kg.
La ration alimentaire quotidienne pour un adulte a été évaluée entre 900 et 1 200 g, mais la quantité de poisson transportée par les adultes à l'intention des jeunes est supérieure.
Chaque année, les populations de pélicans d'Europe et d'Asie occidentale vont hiverner en Afrique ou en Inde. Mais l'importance des déplacements migratoires en Afrique est difficile à apprécier
dans la mesure où les pélicans originaires d'Europe se mêlent aux populations africaines de l'espèce.
Source : https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/P%C3%A9lican/1002049